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Identité numérique et reprise économique

L’identité numérique peut faciliter la reprise économique

Alors que la pandémie de Covid-19 accélère la numérisation des économies, l’heure est plus que jamais à la généralisation de l’identité numérique, explique Elizabeth Berthe, directrice associée de MicroSave Consulting, cabinet de conseil international en inclusion financière, économique et sociale. Basée à Dakar, elle revient sur le projet-pilote déployé au Sénégal et sur les conditions pour une bonne utilisation de l’identification numérique.

En quoi la généralisation de l’identité numérique constitue-t-elle un enjeu de taille pour le Sénégal et, plus globalement, pour l’Afrique de l’Ouest ?

Tout citoyen mérite d’avoir une identité numérique pour faciliter l’accès aux services, tout en préservant sa vie privée et en garantissant son inclusion. Sans identification correcte, il est exclu de l’emploi, de l’assurance maladie, des services financiers formels et des prestations sociales. Ce constat est également valable à l’échelle régionale pour faciliter les transactions transfrontalières et la mobilité, afin d’aboutir à une économie régionale intégrée.

Dans quelle mesure le contexte pandémique actuel renforce-t-il l’urgence de son déploiement ?

Il existe un sentiment d’urgence nouveau : avec les vagues de couvre-feu, l’identité numérique peut contribuer à ouvrir la voie à la reprise économique. Le véritable enjeu ne réside pas dans la composante de cette identité, mais dans les possibilités qu’elle offre.

Le projet pilote déployé au Sénégal pourrait-il servir de modèle pour la zone UEMOA?

Les systèmes d’identification multiples génèrent de la confusion, des données de mauvaise qualité, et doublent les dépenses alors que leurs ressources sont très limitées. Pour être efficaces, ils doivent être capables d’interagir et de partager des données. Chaque système d’identification numérique est unique et doit résoudre les points sensibles du pays concerné, tout en respectant des principes de base tels que ceux recommandés par #GoodID. Au Sénégal, le projet pilote vise à harmoniser les identités numériques, fournir un moyen de vérifier ou certifier les identités et contribuer à l’interopérabilité. Les défis des autres pays de la sous-région étant similaires, ce projet leur apportera certainement des pistes de solutions. Ces systèmes doivent être conçus pour susciter la confiance et contribuer à l’inclusion économique et sociale.

La constitution d’une base de données consolidée des abonnés téléphoniques vous semble-t-elle une bonne approche pour alimenter un registre d’identité numérique ?

Comme pour tout système d’identité, il faut toujours envisager un compromis entre l’utilité du système et les risques qu’il présente. Idéalement, l’identité numérique devrait être développée comme un bien public et non comme un système contrôlé par quelques entités privées, comme des opérateurs de téléphonie mobile, car cela peut limiter les champs d’exploitation de l’identité numérique et présenter des risques à l’avenir. Le numéro de téléphone est un moyen facile de pirater les informations, comme les escroqueries par échange de cartes SIM. Cela doit donc être une mesure provisoire. L’identification mobile sera intéressante lorsque les smartphones seront omniprésents ; elle pourra alors servir de tremplin vers des données supplémentaires, mais il faudra toujours protéger les citoyens. Les opérateurs ont un rôle à jouer en proposant des solutions complémentaires telles que l’enregistrement numérique des naissances, comme c’est le cas en Tanzanie.

Quels sont les dispositifs et les cadres réglementaires nécessaires pour garantir la protection des données personnelles et une bonne utilisation de l’identification numérique ?

Il est important de créer un cadre juridique et politique pour garantir la liberté d’action des utilisateurs et l’anonymisation de leurs données. Le respect de la vie privée doit être pris en compte dans la conception et être un paramètre par défaut afin de permettre un consentement éclairé, protéger les données grâce au cryptage et à d’autres techniques. Les dispositifs se connectant à un système d’identité numérique, notamment les lecteurs biométriques, les téléphones mobiles et les ordinateurs, doivent être certifiés par l’autorité chargée de l’identité numérique ou par un tiers accrédité. Ils devraient utiliser un logiciel standard, fourni par l’autorité d’identité numérique, pour l’enregistrement et l’authentification afin d’éviter les abus et le piratage.

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Elizabeth Berthe, directrice associée de MicroSave Consulting

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