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réglementation et inclusion financière

La réglementation, clé de voûte de l’inclusion financière en Afrique

Le secteur du paiement mobile nécessite de lourds investissements, tant en termes d’infrastructure que de fonds propres. Un cadre réglementaire clair est donc la clé pour y attirer de nouveaux acteurs, moins nombreux au Maghreb que sur le reste du continent, particulièrement en Afrique subsaharienne.

C’est donc la mise en place de règles et de plateformes techniques encadrées par les banques centrales et les régulateurs de télécommunications qui permettra le développement du m-paiement (paiement mobile) dans les pays d’Afrique où il est le moins utilisé.

Si la mise en place de réglementations peut être compliquée par le besoin de mise en conformité d’infrastructures anciennes, à l’obsolescence longue, inadaptées aux modèles actuels et donc peu favorables aux évolutions, l ’Afrique, qui n’hérite pas de ces complexités, bénéficie d’un terrain propice à l’implémentation de structures réglementaires favorisant l’inclusion financière.

Quelle influence sur le développement économique du continent ?

L’essor du m-paiement est à l’origine d’impacts économiques positifs sur le continent et ses acteurs bancaires. Le paiement, mobile ou non, est la première étape vers une bancarisation accrue, l’acquisition par les banques de nouveaux clients étant drivée par la nécessité impérieuse pour chacun de payer et d’être payé.

Grâce au m-paiement, on constate une plus forte inclusion financière en Afrique subsaharienne où, selon un rapport de la Banque Mondiale d’avril 2018, le pourcentage d’individus de plus de 15 ans ayant un compte de paiement a presque doublé en 6 ans (23% en 2011 contre 43% en 2017).  Le rapport 2018 de la GSMA évalue à environ 400 millions le nombre de comptes mobile money enregistrés, soit près de 50% des comptes actifs dans le monde.

La bancarisation de populations anciennement peu concernées est le premier pas vers une standardisation de l’économie, avec l’émergence de produits d’épargne et de crédit permettant l’accès à de nouveaux biens de consommation et des opportunités de création de richesse.

Quels sont les risques ?

A mesure qu’il s’amplifie, le marché africain des services de paiement mobile se fait également le relais de fraudes, causes d’importantes pertes financières. En 2018, Airtel Kenya, deuxième fournisseur national de services de télécommunication, a ainsi déclaré une perte de 6,7 millions de dollars suite à plusieurs vols d’argent mobile en interne. Cette même année, de nombreuses fraudes via l’échange de cartes SIM ont également été enregistrées sur tout le continent.

Les banques centrales et les prestataires de services de m-paiement doivent donc prendre des mesures de surveillance adéquates, en interne (renforcement des structures de gouvernance et des procédures de vérification, sensibilisation des employés à la sécurité) comme en externe (renforcement du KYC, suivi des fraudes sur le modèle du reporting DSP2).

Quelles-sont les opportunités ?

Les opportunités de développement des services bancaires mobiles dans les pays où le taux de bancarisation est le plus important nécessitent un cadre réglementaire solide. Dans les pays où le m-paiement est le plus répandu, elles résident dans le développement d’une offre bancaire adossée aux solutions de paiement traditionnelles et à la création d’offres d’épargne et de crédit adaptées. Elles supposent de cibler le secteur du C2B en équipant les commerçants, pour les fédérer autour des nouvelles solutions proposées tout en renforçant la conformité réglementaire afin d’assurer la sécurité de cet écosystème.

David Parera, Director Strategy & Operation FSI at Deloitte Consulting

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David PARERA

Cécile Marc, Strategy & Operations Consultant to Financial Services at Deloitte Consulting

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Cécile Marc